Picabia pique à Ingres

Philippe Dagen

En dehors d’un certain embonpoint passé la cinquantaine, rien ne semble justifier de rapprocher Jean Auguste Dominique Ingres (1780-1867) de Francis Picabia (1879-1953). D’un côté celui qui paraît incarner au plus haut point une conception sérieuse, ordonnée et respectable du dessin et de la peinture ; de l’autre, un semeur de troubles, spécialiste du sacrilège et de la dérision. Les réunir dans une exposition n’aurait donc guère de sens.
Picabia accable de ses sarcasmes visuels le culte du classicisme français Or le Musée Ingres Bourdelle de Montauban, temple dédié à la gloire du premier, qui naquit dans cette ville, et réceptacle de la plus grande collection de ses dessins, reçoit le second et les place en vis-à-vis dans les mêmes salles. Et largement : des dizaines d’œuvres de chacun, quelques toiles illustres, La Vierge adorant l’hostie de l’un, Dresseur d’animaux de l’autre, et une nuée d’études, esquisses, projets réalisés ou non, documents imprimés et photographiques. Du travail méthodiquement exécuté donc, à la Ingres plutôt qu’à la Picabia, pour une exposition clairement disposée et savante et qui est la première à s’intéresser de près aux rapports entre les deux œuvres.

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